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Toxicité systémique d'anesthésie en pratique dentaire

La toxicité systémique en rapport avec l’injection d’un anesthésique local est un phénomène fort heureusement rare mais possible et peut faire partie des complications d’un acte bucco-dentaire même et doit être pris en considération par le praticien. 
La  maîtrise de cette problématique ne peut se faire sans définir le phénomène pathologique de toxicité.

Toxicité systémique d'anesthésie en pratique dentaire

La toxicité 

La toxicité est la mesure de la capacité d’un produit à provoquer des effets néfastes systémiques après son administration, la toxicité systémique après utilisation d’un anesthésique local est fortement liée à la quantité utilisée , son dosage en principe actif mais également à la mesure de sa distribution dans l’organisme ( résorption) et la capacité de l’organisme à l’éliminer ( métabolisme et élimination).

Mécanisme de toxicité et diagnostic 

Les accidents de toxicité systémique en rapport avec l’utilisation d’anesthésique local s’accompagne soit d'un engourdissement périoral, une agitation, une confusion, aussi d’une neuro-toxicité donc d’une atteinte du système nerveux central ou d’une cardio-toxicité par une atteinte du système cardiovasculaire d’où leur dangerosité car elles engagent le pronostic vital. 
La toxicité des anesthésiques locaux est expliquée par une injection intra-vasculaire lors d’une anesthésie loco-régionale ou plus rarement d’une injection locale, le produit sera déposé directement dans la circulation générale augmentant rapidement ainsi sa concentration sérique et par conséquent sa toxicité. 
Les manifestations dans ce cas là immédiates , apparaissent quelques minutes après l’injection de l’anesthésique local . 
Une injection “extra-vasculaire” peut être également accompagné d’une toxicité dûe principalement à une résorption plus rapide du produit donc son passage rapide dans la circulation générale, d’un surdosage par l’utilisation en quantité importante de l’AL  et manifestations cliniques apparaissent 5 à 30 minutes après l’injection. 


Les défaillances métaboliques ou les anomalies de biotransformation du produit anesthésique occasionnent également une toxicité, sont l’apanage des patients souffrant d’une insuffisance hépatique ou rénale , ces manifestations sont plus tardives et s’observent 24h après
Les manifestations cardiaques sont des troubles de rythme sous forme de tachycardie, troubles de conduction auriculo-ventriculaire, une hypotension voire un arrêt cardiaque
Les manifestations neurologiques peuvent être un état de confusion, paresthésies péribuccales, trémulations des extrémités. Des convulsions voire un coma dans les cas les plus graves. 
Toutes ces manifestations passent par une phase de début dite “ prémonitoire” , une phase intermédiaire et une phase finale

Conduites à tenir 

En ce qui concerne la conduite à tenir dans ce cas et compte tenu du caractère URGENT et l’engagement du pronostic vital une prise en charge médicale urgente dans le service de réanimation est nécessaire, le patient doit bénéficier sur le champ d’un massage cardiaque externe si le praticien constate un arrêt cardiaque, une assistante respiratoire après avoir appelé le SAMU
En cas de convulsion une injection du valium est nécessaire associée à une assistante respiratoire et contrôle des signes vitaux jusqu’à l’arrivée du SAMU. 

Prévention de toxicité des anesthésiques locaux 

La prévention de ce genre d’accident demeure la meilleure approche en veillant à respecter ce qui suit: 

  • La réalisation correcte des techniques d’anesthésie par respect des éléments anatomiques et par une injection peri-apicale à proximité du paquet vasculo-nerveux des dents concernées. 
  • L’évitement d’une injection intra-vasculaire par la pratique d’une aspiration par le retrait de l’aiguille et en évitant le contact osseux de l’aiguille. 
  • Ne pas réaliser les techniques d’anesthésie compliquées et à risque et souvent inutiles comme les anesthésies tronculaires sous orbitaires ou du paquet vasculo-nerveux alvéolaire postéro-supérieur .
  • Respect des dosages recommandés par les fabricants, à titre d’exemple l’articaine doit être administrée à raison de 7mg/kg/jour , le nombre des carpules utilisées est aussi à considérer ; il faut pas dépasser le nombre de 5 carpules avec vasoconstricteur ou de 3 carpules utilisées sans vasoconstricteur
  • Optimiser les techniques d’anesthésie efficaces par l’utilisation d’un produit anesthésique puissant comme l’articaine et en pratiquant des techniques d’anesthésie profondes comme l’intraligamentaire.
  • Réduire la quantité utilisée chez les patients atteints d’insuffisance hépatique ou rénale qui présentent des défaillances métaboliques et des troubles d’élimination du produit anesthésique, les personnes âgées présentent une réduction physiologique de leur fonction rénale et doivent bénéficier d’une réduction de la quantité d’anesthésiques locaux utilisée . 

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